CDI - Espace Documentation

Polars du Sud avec Victor del Arbol

Par JOELLE MAS, publié le jeudi 5 octobre 2023 11:55 - Mis à jour le mardi 10 octobre 2023 11:05
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Les élèves des classes Bachibac et LLCE de Karine Aguiar, Florence Bonnevialle, Jordi Caravaca et Céline Perez ont échangé avec l'auteur espagnol Victor del Arbol le mardi 3 octobre de 14 h à 16 h.

 

Victor del Arbol à la rencontre des classes Bachibac du Lycée Victor Hugo. Pour se présenter, il indique son âge, 55 ans, et précise d'emblée que ses romans ont à voir avec sa propre vie : la guerre civile, la corruption, la politique, l'histoire mais surtout il écrit sur les personnes. A 14 ou 15 ans il n'était pas un bon élève dans les matières sauf... en littérature. Pour mettre son public à l'aise, il demande de laisser tomber les questions préparées. Voici quelques unes des questions posées :

"Leyendo unos pasajes de sus novelas negras usted piensa que tiene una vision positiva o negativa de la vida ?" 

Ma vision du monde, c'est que je suis un optimiste mais un livre est fait pour poser des questions. C'est comme un miroir. Mes personnages sont toujours en lutte pour défendre ce à quoi ils croient. Ils ont la douleur à l'intérieur et la force à l'extérieur.  

"¿ Quieres presentarte por tu personalidad ?"

La littérature naît comme quelque chose de personnel. D'une question personnelle on passe à une question universelle. C'est cela le secret de la littérature. 

"¿Siempre escribes sobre algo/alguien que conoces ? o es imaginacion ?"

J'écris un monde que je m'invente car le monde tel qu'il est ne me plaît pas. J'aime imaginer des histoires à partir de situations de la vie courante, un homme qui est au téléphone par exemple.

"¿Tienes escritores favoritos ?"

J'aime les classiques car ils ne passent pas de mode : comme Cervantès, Albert Camus pour son roman L'étranger que je considère comme le meilleur de la littérature moderne. Il écrit sur l'absurde, la vie qui n'a pas de sens. Victor Hugo, Eric Vuillard, Miguel Delibes (Los santos Innocentos) et Dostoïevski. 

"¿Que hace falta para ser escritor ?"

Pour être écrivain, il faut avoir souffert. Je dirais qu'il y a deux conditions : l'amour pour la littérature et le sentiment d'empathie pour les gens. Et puis il y deux types d'écrivains : les génies et les premiers de la classe. Quelle est la différence entre les deux ? L'authenticité. Le premier de la classe est un besogneux qui veut prouver quelque chose alors que le génie n'a pas besoin de démontrer quoi que ce soit car il a un talent naturel. Le premier de la classe est souvent un ambitieux qui veut sortir de la misère.  

"¿Le sirvió de terapia escribir ?"

Oui, pour faire sortir les choses.

"¿Qué libro tardó más en escribir ?" "¿Cómo llevas las criticas negativas ?"

J'ai commencé à écrire à 14 ans, mais je n'ai réussi à publier pour la première fois qu'à l'âge de 40 ans. C'est difficile de sortir de la peur. Plus on a de succès, plus les critiques arrivent. Elles font avancer alors que les éloges n'enseignent rien. Les échecs sont plus formateurs que les succès.

"¿Cuando terminas de escribir un libro, logras responder a todas las preguntas que te hacias al principio ?"

Non, les livres qui vont changer votre vie ne vous donneront pas de réponse. Depuis tout petit, je suis curieux, je n'ai cessé de demander Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?. La seule question c'est  : Sommes-nous de bonnes personnes ? 

"¿Has renunciado a cosas importantes en tu vida ?"

J'ai été séminariste, animateur de radio et puis à 40 ans j'ai tout quitté, ma femme, ma maison, mon salaire, ma moto  : Me puse a vivir en el aire. Maintenant je vis en location et j'ai un chien. Je paie le prix pour tout cela mais je suis heureux.

Et pour conclure sur une phrase après l'échange : Escribir es como vivir.

Merci Victor del Arbol !