Au mois d’octobre, les élèves des sections européennes et LLCE de Mesdames Martinot, Seghieri, Denys et Ducommun ont eu l’occasion de rencontrer Iain Levison dans le cadre du festival des littératures policières “Polars du Sud”.  

S’est ensuivie une matinée d’échanges autour de la création, de l’écriture comme du parcours de vie atypique de l’écrivain écossais qui vit depuis le confinement à South Hampton. 

Des ouvrages sociaux aux thèmes forts 

Il y a une vingtaine d’années, il publiait son premier roman, Un petit boulot, qui parlait d’un homme travaillant en Alaska comme dans l’émission de télé-réalité ; sauf que cette émission ne montre jamais le danger d’un tel travail dans un environnement comme l’Alaska. Elle montre uniquement comment gagner de l’argent facilement. Ce livre a rencontré un vif succès en France et aux Etats-Unis et ce succès a permis la publication en Grande-Bretagne.  

Son second roman, Arrêtez-moi là, parle de l’affaire autour de la jeune Elisabeth Smart kidnappée par la fenêtre de la salle de bain. L’homme a été arrêté et après trois semaines de disparition de la jeune fille, un procureur a autorisé la torture pour le faire parler. IL a décidé d’écrire sur ce terrible fait divers car il voulait donner une autre image que celle transmise par les médias de l’affaire. Ils désiraient une fin heureuse alors que l’histoire est beaucoup plus sombre. Le livre a connu un succès en France mais pas en Grande- Bretagne.  

Il aime montrer comment les choses sont réellement et en cela il cherche à montrer comment les médias ne sont pas toujours le reflet de la réalité et comment ils tordent les faits en fonction de qu’ils souhaitent faire dire à l’événement. Selon lui, le cas Elisabeth Smart en est l’exemple le plus flagrant. Il a toujours été attiré par la fiction et pourtant tous ses romans ont des enjeux sociaux et politiques forts. Malgré tout, il aime la simplicité dans l’écriture mais il trouve néanmoins plus facile d’écrire des personnages féminins puisque 75% de ses lecteurs sont des lectrices. IL fait attention à ce qu’il écrit pour ne pas perdre son lectorat et les femmes n’aiment pas particulièrement lire sur la vie militaire ou la politique militaire.  

Quand on interroge l’auteur sur la raison pour laquelle il publie ses ouvrages d’abord en France, il répond :  

“Voilà pourquoi je ne publie pas dans ma langue. La France a une meilleure culture de la lecture et accueille mieux mes livres.” 

Quant à la réception de ses œuvres, le roman qu’il estime être celui pour lequel il a pris le plus de plaisir lors de l’écriture est aussi celui qui s’est le moins bien vendu. Il s’agit du texte Pour services rendus.  

Un parcours atypique 

Ancien journaliste, un temps dans l’armée, auteur et conducteur de voiture, c’est grâce à toutes ces étiquettes que l’auteur peut maintenant faire ce qu’il lui plaît et surtout qu’il trouve l’inspiration pour les univers qu’il a relatés dans ces romans. Dans le fait d’être auteur, ce qu’il aime avant tout, c’est l’indépendance que lui procure ce métier tout en étant payé. Il décide de ses journées et n’a pas de routines type d’écriture. Il préfère y aller à l’inspiration ; seul le calme est important pour lui dans ses phases d’écriture.  

Plutôt nomade, il a beaucoup bougé tout au long de sa vie : Ecosse, Etats-Unis qu’il aime d’ailleurs bien utiliser dans la trame de ses romans, Maroc, Chine pendant cinq années, en France aussi et maintenant en Angleterre. Il estime que ces voyages ont été enrichissants pour lui mais aussi pour l’inspiration.  

D’ailleurs les Etats Unis ont un impact très fort dans ses textes puisqu’il a grandi dans ce pays et qu’il n’est retourné au Royaume-Uni que des années plus tard.  

Même s’il a toujours aimé lire et écrire, la vocation d’écrivain n’est arrivée que plus tard. Il était d’abord journaliste et c’est en écrivant son article sur la pêche aux crabes en Alaska qu’il a été inspiré pour écrire son premier roman.  

Ses conseils culturels 

Déjà jeune il était un grand lecteur et a dévoré le roman Les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas et plus tard a aimé les livres de Dostoïevski, de Thomas Hardy, Raymond Chandler, Bukowski ou bien encore de Stephen Crane. Il recommande le roman Nuit mère (Mother night en VO) de Kurt Vonnegut qu’il considère comme son livre préféré et le livre qui a eu le plus d’impact sur lui.  

Du côté des films, il aime le film Zero Dark Thirty sur la traque de Ben Laden par l’US Intelligence après le 11 septembre. Mais il aime aussi les films des frères Cohen.  

Et pour la musique, il aime le côté folk et la voix de Leonard Cohen.  

Merci à Iain Levison pour cette rencontre passionnante.  

Le roman à retrouver au CDI :  

Un voisin trop discret